jeudi 10 septembre 2020

Baromètre interne : analyse CGT

Télécharger les résultats du baromètre interne.

En complément du compte-rendu de la réunion du 1er septembre de présentation des résultats du baromètre interne, réalisé en juin 2020, voici l'analyse du Syndicat CGT du Conseil régional Centre-Val de Loire.

La CGT recommande à tous les agents de lire l’intégralité des résultats du baromètre interne. C’est le meilleur moyen pour se faire sa propre opinion.

En effet, au-delà de l’auto-congratulation des 4 pages de synthèse et surtout des nombreux sujets non-traités (pouvoir d’achat, absences non-remplacées, carrières bloquées, bien-être au travail, motivation …) ou non-approfondis, plusieurs informations méritent d’être étudiées et précisées sous un autre point de vue.

 La CGT vous propose une analyse de ces résultats, complétée par plusieurs exemples de « formulations très orientées qui confinent parfois à la manipulation », que nous avons dénoncées lors de la réunion de présentation de ces résultats.

 1 – Analyse CGT des résultats du baromètre interne

 Lors du lancement du baromètre, l’Intersyndicale déclarait : la Région cherche à montrer que ça ne va pas si mal avec des propositions de réponses floues du type « plutôt d’accord » ou « plutôt pas d’accord ».

Résultat : ces 2 réponses en mode « plutôt » représentent près de 90 % des réponses, avec une très grande majorité de « plutôt d’accord », ce que la Région traduit par « des réponses globalement très positives ». C’est donc encore pire que ce qu’on pensait.

 L’interdiction de ne pas avoir d’avis

Un nombre non-négligeable de questionnaires a été rempli de façon incomplète et a fait l’objet d’un « redressement des réponses » (page 14). La CGT s’interroge sur cette pratique et son impact sur la validité des réponses ainsi obtenues. Par exemple, pour la répartition par métiers des agents de lycées, on constate que 200 agents n’ont pas renseigner l’information, soit plus de 20 % (page 15).

Ajouté à l’absence quasi-systématique de réponse « ne se prononce pas », il était donc interdit aux agents de ne pas avoir d’avis sur les questions posées. Si vous n’avez pas répondu, le « redressement » l’a fait à votre place.

 Encadrants / non-encadrants

La CGT constate avec étonnement l’absence quasi-totale d’informations liées à ce statut, autant dans les taux de participation que dans les résultats détaillés. Une information qui pourrait pourtant être intéressante et que nous avons demandé.

 La double hiérarchie dans les lycées (Page 46)

Le baromètre indique que c’est un vrai problème qui n’est pas assez pris en compte par la Région. Faut-il se réjouir de voir cette revendication syndicale confirmée aussi clairement ? Ou regretter qu’après 15 ans à subir ce problème, on en soit encore à se demander s‘il existe ?

 Qualité de vie au travail

C’est la nouvelle expression à la mode utilisée pour ne plus parler de mal-être, souffrance au travail ou risques psychosociaux. C’est vrai que ça sonne de façon plus sympa. C’est d’ailleurs dans cette catégorie que nous avons relevé le plus de « formulations très orientées » (cf ci-dessous) par camoufler des réalités qui dérangent. Par exemple, les agents qui constatent majoritairement (53 % au siège, 62 % dans les lycées) des « décisions et des pratiques qui vont à l’encontre de mes valeurs personnelles », c’est-à-dire potentiellement des pratiques illégales et pénalement condamnables. La synthèse évoque de simples « conflits de valeurs ».

Et quand un 1/4 des agents des lycées dit subir de la discrimination (délit pénal) ? Le rapport évoque « un climat de travail bienveillant ». Voilà, c’est ça la Qualité de Vie au Travail. N’est-ce pas merveilleux ?

 Consultation des agents (page 69 et 72)

Une majorité d’agents disent qu’ils sont consultés en cas de changements techniques ou organisationnels dans le travail. Dit comme ça, ça a l’air super. Nous aurions apprécié que ce soit suivi de la question : Avez-vous le sentiment que votre avis est pris en compte et utilisé ? Mais ça aurait sûrement été moins super.

 Même remarque pour les « espaces de paroles identifiés ». Sur ce point, alors que tous les agents ont obligatoirement un entretien professionnel une fois par an, faut-il s’extasier (« un point extrêmement positif » dit le rapport à propos des 74 % de réponses positives au siège) ou s’alarmer qu’un agent sur 4 considère qu’il ne peut pas exprimer son point de vue, même lors de son entretien professionnel ?

 Organisation du travail (page 71)

Une majorité d’agents des lycées estiment travailler dans l’urgence, avec un manque de transparence et une sollicitation excessive. Cela traduit assez clairement le manque de moyens humains liés notamment aux non-remplacements des agents absents. Point sur lequel nous insistons presque à chaque Comité technique. Est-ce que cela apparait dans la synthèse des résultats ? Non. Le rapport évoque juste « Les résultats sont partagés sur la charge de travail et de clarté des rôles de chacun dans les équipes ».

 Le management

La synthèse est très claire sur ce point : « les relations avec la hiérarchie sont très satisfaisantes, les relations sont très favorables entre l’encadrant et les équipes ».

En allant voir les résultats dans le détail, on constate que pour presque toutes les questions, il y a environ 50 % de « plutôt d’accord ». Le « plutôt pas d’accord » arrivant beaucoup plus souvent en 2ème position que le « tout à fait d’accord ».

Peut-on en conclure que la synthèse est, sur ce point aussi, un peu trop enthousiaste ? Pas du tout, car heureusement, les managers sont là pour nous rappeler que leurs relations de travail sont extrêmement satisfaisantes avec leurs équipes : à 99 % au siège et seulement 92 % dans les lycées. On en viendrait presque à s’étonner de la mise en place de démarche de management innovant, mais aussi du nombre de rapports, de conseils de discipline, d’enquête administrative, de médiation, de coaching, etc …

 Liberté d’expression ?

Le questionnaire se terminait sur un espace d’expression libre. L’Intersyndicale avait invité les agents à l’utiliser pour exprimer leur opinion, leur ressenti et leurs attentes.

Etonnamment, il n’y a aucune trace de ces données dans le rapport. Faut-il en conclure que la Région n’apprécie pas le contenu de ces expressions libres ? Nous les avons demandées à la Région.

 

 2 – Exemples de formulations très orientées

 Page 27 : sur les difficultés rencontrées par les managers pendant le confinement, on peut s’étonner de ne voir que 4 propositions de difficultés, sans indiquer, au hasard, la gestion de la pression institutionnelle ou la possibilité d’ouvrir sur d’autres difficultés.

 Page 29 : sur la résilience des agents du siège : la très grande majorité des agents pense qu’il faut tirer des enseignements de cette crise, à tous les niveaux (orga, outils …). Faut-il vraiment payer un questionnaire pour arriver à ce genre de conclusion ?

 Page 44 : pour 57,3 % des agents du siège, en plus d’être pyramidale et directif, le fonctionnement de la Région est opaque. Pas très positif tout ça ? Mais, si ! Explication dans les commentaires : « ce positionnement mitigé peut indiquer que les répondants perçoivent une transition vers plus de transparence mais que les changements ne sont pas encore généralisés. ». Et s’ils voulaient juste dire que le fonctionnement manque de transparence ?

 Page 45 : Bonne nouvelle, « les évolutions au sein de la collectivité sont bien perçues les agents des lycées », tout en reconnaissant qu’ils « pourraient semblés un peu excentrés de la vision stratégique ». C’est le moins qu’on puisse, mais pas au point de leur permettre de ne pas répondre à cette question en leur proposant l’option « ne se prononce pas ». On peut d’ailleurs s’interroger sur le taux de réponses réelles ou « redressées » à cette question.

 Page 46 : Ecrire que la double hiérarchie dans les lycées « n’affecte pas les agents individuellement » alors que plus des 2/3 des agents expriment rencontrer des difficultés, nous semble assez éloigné de la réalité.

 Page 51 : « une capacité à déconnecter à renforcer ». Bonne nouvelle : A la sortie du déconfinement, on va enfin parler des risques liés à l’utilisation intensive et permanente des outils informatiques : sur-connexion, déconnexion … Ha non ! Il s’agit juste de la déconnexion mentale. La question posée était « Quand je rentre à la maison, j’arrive facilement à me décontracter et à oublier tout ce qui concerne le travail ».

 Page 52 : 67,7 % des agents du siège exprime une ambiance de travail « plutôt agréable ». Traduction du rapport : « Une très bonne ambiance comme ressource à capitaliser ». Un peu abusif peut-être ?

 Pages 52 et 58 : 87 % d’agents du siège et 73 % des agents des lycées n’ont pas le « sentiment d'être victime de discrimination ». Traduction : « un climat de travail bienveillant ». Sur la forme, il nous parait plus qu’abusif de lier le climat de travail uniquement à la présence ou non d’un délit pénal (sanction pouvant aller jusqu'à 3 ans de prison et 45 000 euros d'amende). Sur le fond, le fait que plus d’un quart des agents des lycées dit subir de la discrimination devrait faire l’objet d’une alerte urgente ? Non. Le rapport évoque un « un climat de travail bienveillant » et préconise juste une « vigilance et peut être la mise en place d’action de sensibilisation contre les discriminations ».

 Page 54 : De mieux en mieux ! Qui peut traduire « alléger les procédures » par un « besoin de structuration de l’organisation » ? Pas nous. Mais le baromètre le fait sans problème. Et ce n’est pas tout. Les « actions qui devraient être prioritairement conduites » les moins citées deviennent celles que les « agents semblent apprécier ». Vous pensez qu’on plaisante ? Allez vérifier. Pour notre part, nous aurions mis en titre : les agents demandent moins de technocratie et plus d’humain.

 Page 57 : à la question : « je trouve du sens dans le travail que j’effectue », la moitié des agents des lycées sont « plutôt d’accord » et moins d’un tiers sont « tout à fait d’accord ». Traduction du rapport : « Tous les agents expriment trouver un sens fort dans le travail ». Ce n’est pas encore un peu abusif ?

 Page 59 : tiens, il n’y a pas de titre. On aurait bien vu : un sentiment d’injustice, d’inégalité et un manque de reconnaissance. Pas vous ?

 Page 60 : On continue ? OK. Peut-on vraiment dire que « Les agents des lycées évaluent très positivement leurs conditions de travail » alors que presque un tiers attribue une note entre 0 et 5/10 ? Apparemment oui.

 Page 64 : N’est-ce pas un peu étrange de demander à un agent si son employeur est « attractif en termes de rémunération » ? En général, nous avons constaté que les agents sont plus concernés par ce qui leur reste à la fin du mois pour vivre que par l’attractivité de leur patron. Chacun ses priorités.

 Pages 69 et 72 : Une grande majorité d’agents estiment pouvoir faire preuve d’initiative dans leur travail. Pourquoi essayer de leur faire dire qu’ils l’utilisent pour « proposer des améliorations dans les modes de fonctionnement » ? Alors que rien de le précise dans la question.

 Pages 71 et 72 : 90 % des agents des lycées sont autonomes dans leur travail. Formidable ! C’est un « facteur de protection indispensable pour la qualité de vie au travail » dit le rapport. Sans faire le lien avec la question précédente où les agents disent travailler dans l’urgence et avec une demande de quantité de travail excessive. Donc, soit les agents s’imposent à eux-mêmes de travailler trop et dans l’urgence, soit l’autonomie n’est pas si positive et se traduit plus par un abandon et un manque de soutien.

Téléchargez l'analyse de la CGT

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