Télécharger les
résultats du baromètre interne.
En complément du compte-rendu de la réunion du 1er septembre de présentation des résultats du baromètre interne, réalisé en juin 2020, voici l'analyse du Syndicat CGT du Conseil régional Centre-Val de Loire.
La
CGT recommande à tous les agents de lire l’intégralité des résultats du baromètre
interne. C’est le meilleur moyen pour se faire sa propre opinion.
En
effet, au-delà de l’auto-congratulation des 4 pages de synthèse et surtout des
nombreux sujets non-traités (pouvoir d’achat, absences non-remplacées,
carrières bloquées, bien-être au travail, motivation …) ou non-approfondis,
plusieurs informations méritent d’être étudiées et précisées sous un autre
point de vue.
La
CGT vous propose une analyse de ces résultats, complétée par plusieurs exemples
de « formulations très orientées qui confinent parfois à la manipulation »,
que nous avons dénoncées lors de la réunion de présentation de ces résultats.
1 – Analyse CGT des résultats du
baromètre interne
Lors
du lancement du baromètre, l’Intersyndicale déclarait : la Région cherche
à montrer que ça ne va pas si mal avec des propositions de réponses floues du
type « plutôt d’accord » ou « plutôt pas d’accord ».
Résultat :
ces 2 réponses en mode « plutôt » représentent près de 90 % des
réponses, avec une très grande majorité de « plutôt d’accord », ce que la
Région traduit par « des réponses globalement très positives ». C’est
donc encore pire que ce qu’on pensait.
L’interdiction
de ne pas avoir d’avis
Un
nombre non-négligeable de questionnaires a été rempli de façon incomplète et a
fait l’objet d’un « redressement des réponses » (page 14). La CGT
s’interroge sur cette pratique et son impact sur la validité des réponses ainsi
obtenues. Par exemple, pour la répartition par métiers des agents de lycées, on
constate que 200 agents n’ont pas renseigner l’information, soit plus de 20 %
(page 15).
Ajouté
à l’absence quasi-systématique de réponse « ne se prononce pas », il
était donc interdit aux agents de ne pas avoir d’avis sur les questions posées.
Si vous n’avez pas répondu, le « redressement » l’a fait à votre
place.
Encadrants
/ non-encadrants
La
CGT constate avec étonnement l’absence quasi-totale d’informations liées à ce
statut, autant dans les taux de participation que dans les résultats détaillés.
Une information qui pourrait pourtant être intéressante et que nous avons
demandé.
La
double hiérarchie dans les lycées (Page 46)
Le
baromètre indique que c’est un vrai problème qui n’est pas assez pris en compte
par la Région. Faut-il se réjouir de voir cette revendication syndicale
confirmée aussi clairement ? Ou regretter qu’après 15 ans à subir ce
problème, on en soit encore à se demander s‘il existe ?
Qualité de vie au travail
C’est la nouvelle
expression à la mode utilisée pour ne plus parler de mal-être, souffrance au
travail ou risques psychosociaux. C’est vrai que ça sonne de façon plus sympa.
C’est d’ailleurs dans cette catégorie que nous avons relevé le plus de
« formulations très orientées » (cf ci-dessous) par camoufler des
réalités qui dérangent. Par exemple, les agents qui constatent majoritairement
(53 % au siège, 62 % dans les lycées) des « décisions et des pratiques qui
vont à l’encontre de mes valeurs personnelles », c’est-à-dire
potentiellement des pratiques illégales et pénalement condamnables. La synthèse
évoque de simples « conflits de valeurs ».
Et quand un 1/4 des
agents des lycées dit subir de la discrimination (délit pénal) ? Le
rapport évoque « un climat de travail bienveillant ». Voilà, c’est ça
la Qualité de Vie au Travail. N’est-ce pas merveilleux ?
Consultation
des agents
(page 69 et 72)
Une
majorité d’agents disent qu’ils sont consultés en cas de changements techniques
ou organisationnels dans le travail. Dit comme ça, ça a l’air super. Nous
aurions apprécié que ce soit suivi de la question : Avez-vous le sentiment
que votre avis est pris en compte et utilisé ? Mais ça aurait sûrement été
moins super.
Même
remarque pour les « espaces de paroles identifiés ». Sur ce point,
alors que tous les agents ont obligatoirement un entretien professionnel une
fois par an, faut-il s’extasier (« un point extrêmement positif » dit
le rapport à propos des 74 % de réponses positives au siège) ou s’alarmer qu’un
agent sur 4 considère qu’il ne peut pas exprimer son point de vue, même lors de
son entretien professionnel ?
Organisation
du travail
(page 71)
Une
majorité d’agents des lycées estiment travailler dans l’urgence, avec un manque
de transparence et une sollicitation excessive. Cela traduit assez clairement
le manque de moyens humains liés notamment aux non-remplacements des agents
absents. Point sur lequel nous insistons presque à chaque Comité technique. Est-ce
que cela apparait dans la synthèse des résultats ? Non. Le rapport évoque
juste « Les résultats sont partagés sur la charge de travail et de clarté
des rôles de chacun dans les équipes ».
Le
management
La synthèse est très
claire sur ce point : « les relations avec la hiérarchie sont très
satisfaisantes, les relations sont très favorables entre l’encadrant et les
équipes ».
En allant voir les
résultats dans le détail, on constate que pour presque toutes les questions, il
y a environ 50 % de « plutôt d’accord ». Le « plutôt pas
d’accord » arrivant beaucoup plus souvent en 2ème position que
le « tout à fait d’accord ».
Peut-on en conclure
que la synthèse est, sur ce point aussi, un peu trop enthousiaste ? Pas du
tout, car heureusement, les managers sont là pour nous rappeler que leurs
relations de travail sont extrêmement satisfaisantes avec leurs équipes :
à 99 % au siège et seulement 92 % dans les lycées. On en viendrait presque à
s’étonner de la mise en place de démarche de management innovant, mais aussi du
nombre de rapports, de conseils de discipline, d’enquête administrative, de
médiation, de coaching, etc …
Liberté
d’expression ?
Le
questionnaire se terminait sur un espace d’expression libre. L’Intersyndicale
avait invité les agents à l’utiliser pour exprimer leur opinion, leur ressenti
et leurs attentes.
Etonnamment,
il n’y a aucune trace de ces données dans le rapport. Faut-il en conclure que
la Région n’apprécie pas le contenu de ces expressions libres ? Nous les
avons demandées à la Région.
2
– Exemples de formulations très orientées
Page 27 : sur les difficultés rencontrées par les managers
pendant le confinement, on peut s’étonner de ne voir que 4 propositions de
difficultés, sans indiquer, au hasard, la gestion de la pression
institutionnelle ou la possibilité d’ouvrir sur d’autres difficultés.
Page 29 : sur la résilience des agents du siège : la
très grande majorité des agents pense qu’il faut tirer des enseignements de
cette crise, à tous les niveaux (orga, outils …). Faut-il vraiment payer
un questionnaire pour arriver à ce genre de conclusion ?
Page 44 : pour 57,3 % des agents du siège, en plus d’être
pyramidale et directif, le fonctionnement de la Région est opaque. Pas très
positif tout ça ? Mais, si ! Explication dans les commentaires :
« ce positionnement mitigé peut indiquer que les répondants perçoivent une
transition vers plus de transparence mais que les changements ne sont pas encore
généralisés. ». Et s’ils voulaient juste dire que le fonctionnement manque
de transparence ?
Page 45 : Bonne
nouvelle, « les évolutions au sein de la collectivité sont bien perçues
les agents des lycées », tout en reconnaissant qu’ils « pourraient semblés
un peu excentrés de la vision stratégique ». C’est le moins qu’on puisse,
mais pas au point de leur permettre de ne pas répondre à cette question en leur
proposant l’option « ne se prononce pas ». On peut d’ailleurs
s’interroger sur le taux de réponses réelles ou « redressées » à
cette question.
Page 46 : Ecrire que la double hiérarchie dans les lycées
« n’affecte pas les agents individuellement » alors que plus des 2/3
des agents expriment rencontrer des difficultés, nous semble assez éloigné de
la réalité.
Page 51 : « une capacité à déconnecter à
renforcer ». Bonne nouvelle : A la sortie du déconfinement, on va
enfin parler des risques liés à l’utilisation intensive et permanente des
outils informatiques : sur-connexion, déconnexion … Ha non ! Il
s’agit juste de la déconnexion mentale. La question posée était « Quand je
rentre à la maison, j’arrive facilement à me décontracter et à oublier tout ce
qui concerne le travail ».
Page 52 : 67,7 % des agents du siège exprime une ambiance
de travail « plutôt agréable ». Traduction du rapport :
« Une très bonne ambiance comme ressource à capitaliser ». Un peu
abusif peut-être ?
Pages 52 et 58 : 87 % d’agents du siège et 73 % des agents des
lycées n’ont pas le « sentiment d'être victime de discrimination ».
Traduction : « un climat de travail bienveillant ». Sur la forme,
il nous parait plus qu’abusif de lier le climat de travail uniquement à la
présence ou non d’un délit pénal (sanction pouvant aller jusqu'à 3 ans de
prison et 45 000 euros d'amende). Sur le fond, le fait que plus d’un quart des
agents des lycées dit subir de la discrimination devrait faire l’objet d’une
alerte urgente ? Non. Le rapport évoque un « un climat de travail
bienveillant » et préconise juste une « vigilance et peut être la mise en place d’action de sensibilisation contre les discriminations ».
Page 54 : De mieux en mieux ! Qui peut traduire
« alléger les procédures » par un « besoin de structuration de
l’organisation » ? Pas nous. Mais le baromètre le fait sans problème.
Et ce n’est pas tout. Les « actions qui devraient être prioritairement
conduites » les moins citées deviennent celles que les « agents
semblent apprécier ». Vous pensez qu’on plaisante ? Allez vérifier.
Pour notre part, nous aurions mis en titre : les agents demandent moins de
technocratie et plus d’humain.
Page 57 : à la question : « je trouve du sens
dans le travail que j’effectue », la moitié des agents des lycées sont
« plutôt d’accord » et moins d’un tiers sont « tout à fait
d’accord ». Traduction du rapport :
« Tous les agents expriment trouver un sens fort dans le travail ».
Ce n’est pas encore un peu abusif ?
Page 59 : tiens, il n’y a pas de titre. On aurait bien
vu : un sentiment d’injustice, d’inégalité et un manque de reconnaissance.
Pas vous ?
Page 60 : On continue ? OK. Peut-on vraiment dire que
« Les agents des lycées évaluent très positivement leurs conditions de
travail » alors que presque un tiers attribue une note entre 0 et 5/10 ?
Apparemment oui.
Page 64 : N’est-ce pas un peu étrange de demander à un
agent si son employeur est « attractif en termes de
rémunération » ? En général, nous avons constaté que les agents sont
plus concernés par ce qui leur reste à la fin du mois pour vivre que par
l’attractivité de leur patron. Chacun ses priorités.
Pages 69 et 72
: Une grande majorité d’agents estiment pouvoir faire preuve d’initiative dans
leur travail. Pourquoi essayer de leur faire dire qu’ils l’utilisent pour « proposer des améliorations dans les modes de fonctionnement » ?
Alors que rien de le précise dans la question.
Pages 71 et 72 : 90 % des agents des lycées sont autonomes
dans leur travail. Formidable ! C’est un « facteur de protection indispensable pour la qualité de vie
au travail » dit le rapport. Sans faire le lien avec la question
précédente où les agents disent travailler dans l’urgence et avec une demande
de quantité de travail excessive. Donc, soit les agents s’imposent à eux-mêmes
de travailler trop et dans l’urgence, soit l’autonomie n’est pas si positive et
se traduit plus par un abandon et un manque de soutien.
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